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Date :     29-01-2010

Sujets :
Projet HELIOS (Espace expérimental) : Parcours de lecture : Sophocle, Oedipe Roi (Dominique AUGÉ) ; Fiches de lecture : 9 ajouts; Lecture : La peste et ses ravages ; HODOI ELEKTRONIKAI : 4 nouveaux environnements hypertextes : Aristote, Procope (x 3) ;

Notice :

1. Projet HELIOS & Espace expérimental :

En France, dans l'enseignement secondaire, la pièce Oedipe Roi de SOPHOCLE est au programme d'étude durant cette année-ci et durant l'année scolaire prochaine.

Sur le forum MUSAGORA a été signalé récemment une étude très élaborée sur cette tragédie de Sophocle : Christabel GRARE(Académie d'Aix-Marseille) , Oedipe Roi de Sophocle.

Le projet HELIOS, de son côté, offre maintenant aussi une ressource didactique relative à cette tragédie :

Dominique AUGÉ, Parcours de lecture : Sophocle, Oedipe Roi
.

Parcours de lecture :

Oedipe Roi (Sophocle)

Dominique Augé (Lycée Vaugelas, Chambéry, Académie de Grenoble)


 

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Jean-Auguste-Dominique INGRES : Oedipe explique l'énigme du sphinx 1808-1827 Musée du Louvre

Ce dossier est placé dans l'Espace expérimental d'HELIOS. Dominique AUGÉ en afait la présentation suivante :

"Ce travail n'a pas d'autre objectif que de faciliter la lecture des élèves : lecture du texte authentique (environ 300 vers étudiés), lecture de traductions, lecture de textes critiques, lecture de réécritures...Il s'agit ici seulement d'un outil qui s'ajoute à ceux déjà cités et référencés sur le forum. Puisse-t-il vous aider un peu dans votre tâche ! Très prochainement, un travail autour de l'oeuvre d'Ovide conçu dans un esprit équivalent devrait être mis en ligne."

Ce parcours de lecture comprend les modules suivants :

Une véritable somme ! Puisse-t-elle être utile à tous !

N'oublios pas de signaler qu'au sein des HODOI ELEKTRONIKAI figure l'environnement hypertexte consacré à cette oeuvre : Du texte à l'hypertexte et que Danielle de Clercq, collaboratrice scientifique, a traité TOUT le vocabulaire de cette pièce, comme nous avons pu le signaler dans l'Actu'ITINERA du 21 août 2009 :

"Mais, surtout, nous pouvons vous annoncer que Madame Danielle de Clercq, collaboratrice scientifique, a traité l'ensemble du vocabulaire de cette oeuvre ... en l'espace d'à peine 4 mois.

L'Oedipe-Roi compte 9.762 occurrences pour 4.051 formes différentes. Toutes ces formes - absolument toutes ! - ont reçu une description lexicographique au sein du LEXIQUE grec-français des HODOI ELEKTRONIKAI.

Entrepris en 2005, ce LEXIQUE, construit par D. de Clercq à partir de rien, a été signalé par nous comme "terminé" dans l'actualité du 26 mai 2006. En moins de deux ans, D. de Clercq avait réussi à traiter toutes les lettres de l'alphabet grec. A l'époque, ce Lexique comprenait 18.816 entrées ou descriptions lexicographiques.

Description lexicographique : elle comprend, pour une forme donnée, les informations suivantes : le lemme (ou entrée de dictionnaire), la catégorie grammaticale ainsi que les temps primitifs pour les verbes, la traduction française, la famille française, la famille grecque et, éventuellement, la forme en grec moderne.

Base de données : Boris MAROUTAEFF a "monté" ce Lexique en base de données permettant ainsi de l'interroger de différentes façons : par forme et par lemme (avec et/ou sans accents) :

  • par forme : exemple : τροφή ; résultat :
    http://helios.fltr.ucl.ac.be/lexique/index.php?box=formes&&action=search&&formes=964;961;959;966;8053;

    en cliquant, ensuite, sur cette forme, les différentes attestations de cette forme au sein des HODOI ELEKTRONIKAI sont affichées : http://mercure.fltr.ucl.ac.be/hodoi/concordances/recherche/precise.cfm?txt=964;961;959;966;8053;

  • par lemme : exemple : τροφή ; résultat :
    http://helios.fltr.ucl.ac.be/lexique/index.php?box=lemme&&action=search&&lemme=964;961;959;966;8053;

    en cliquant, ensuite, sur ce lemme affiché, les différentes formes de ce lemme sont présentées : http://helios.fltr.ucl.ac.be/lexique/index.php?box=lemmeforme&&action=search&&lemmeneutre=964;961;959;966;8053;44;32;8134;962;32;40;7969;41; avec la possibilité d'aller, ensuite, aux attestations dans les oeuvres recensées dans les HODOI.

Catégorie grammaticale : dans le Lexique, elle est notée de façon abrégée : exemple : VRB pour "Verbe" ; les codifications utilisées sont explicitées ici : classes des mots, déclinaisons-conjugaisons

Le vocabulaire de l'Oedipe-Roi est, donc, disponible au sein du Lexique mais aussi de façon séparée sous la forme d'une liste classée dans l'ordre alphabétique des formes : liste (.DOC) ; liste (.TXT ; à "ouvrir", de préférence, avec le "bloc notes").

Les crases, très nombreuses dans cette oeuvre, sont référencées, dans ces listes, avec leux explicitation : exemple : θἠμέρᾳ = CRASE : τῇ ἡμέρᾴ.

Grâce aux ajouts faits par D. de Clercq, depuis 2006, le Lexique renferme actuellement 46.943 descriptions lexicographiques. C'est un immense chantier et nous devons un immense merci à Madame de Clercq, artisan de cet outil hors pair. Elle continue ce travail de lexicographe averti, inlassablement : le vocabulaire de (presque) tous les textes d'étude grecs se trouve attesté dans son Lexique.


2. Fiches de lecture :

  • Adresse du site : Lectures (site arrêté à la date du 18 mai 2006)
  • Base de données : Fiches (depuis le 19 mai 2006)

  • Ajouts : consultation des ==> Nouveautés <==

Les Nouveautés concernent :

  • ==> GREC :

  • PROCOPE, Le livre des guerres et Anekdota
  • THÉODORET de Cyr, Histoire de l'Église, livre II

  • Jacques de Nisibe (mort en 350 ap. J.-Chr.) , Sapor II, roi de Perse et le siège de la ville de Nisibe (auj. en Irak)
  • Attila, le siège d'Aquilée et l'envol de la cigogne
  • Comment maintenir une flotte unie lorsque les vents soufflent très fort ?
  • Comment maintenir l'eau potable lors d'un long trajet en bâteau ?
  • A propos des habitudes de vie des Vandales et des Maures
  • Comment l'empereur byzantin Justin signait ses lettres et missives
  • L'empereur Justinien face aux sectes
  • Sous l'empereur Justinien, l'armée (soldats et chevaux) était approvisionnée en vivres par les propriétaires fonciers
  • Le système d'information (postal) sous les empereurs romains


3. Lecture : La peste et ses ravages (témoignages) :

  • PROCOPE de Césarée (vers 500-560 apr. J.-Chr.), Le livre des guerres de Justinien, livre II, 23 à propos de la peste de 541 apr. J.-Ch. :

    [2,23] Ἡ μὲν οὖν νόσος ἐν Βυζαντίῳ ἐς τέσσαρας διῆλθε μῆνας, ἤκμασε δὲ ἐν τρισὶ μάλιστα. καὶ κατ´ ἀρχὰς μὲν ἔθνησκον τῶν εἰωθότων ὀλίγῳ πλείους, εἶτα ἔτι μᾶλλον τὸ κακὸν ᾔρετο, μετὰ δὲ ἐς πεντακισχιλίους ἡμέρᾳ ἑκάστῃ ἐξικνεῖτο τὸ τῶν νεκρῶν μέτρον, καὶ αὖ πάλιν ἐς μυρίους τε καὶ τούτων ἔτι πλείους ἦλθε. τὰ μὲν οὖν πρῶτα τῆς ταφῆς αὐτὸς ἕκαστος ἐπεμελεῖτο τῶν κατὰ τὴν οἰκίαν νεκρῶν, οὓς δὴ καὶ ἐς ἀλλοτρίας θήκας ἐρρίπτουν ἢ λανθάνοντες ἢ βιαζόμενοι· ἔπειτα δὲ πάντα ἐν ἅπασι ξυνεταράχθη. δοῦλοί τε γὰρ ἔμειναν δεσποτῶν ἔρημοι, ἄνδρες τε τὰ πρότερα λίαν εὐδαίμονες τῆς τῶν οἰκετῶν ὑπουργίας ἢ νοσούντων ἢ τετελευτηκότων ἐστέρηντο, πολλαί τε οἰκίαι παντάπασιν ἔρημοι ἀνθρώπων ἐγένοντο. διὸ δὴ ξυνέβη τισὶ τῶν γνωρίμων τῇ ἀπορίᾳ ἡμέρας πολλὰς ἀτάφοις εἶναι. ἔς τε βασιλέα ἡ τοῦ πράγματος πρόνοια, ὡς τὸ εἰκὸς, ἦλθε. στρατιώτας οὖν ἐκ παλατίου καὶ χρήματα νείμας Θεόδωρον ἐκέλευε τοῦ ἔργου τούτου ἐπιμελεῖσθαι, ὃς δὴ ἀποκρίσεσι ταῖς βασιλικαῖς ἐφειστήκει, ἀεὶ τῷ βασιλεῖ τὰς τῶν ἱκετῶν δεήσεις ἀγγέλλων, σημαίνων τε αὖθις ὅσα ἂν αὐτῷ βουλομένῳ εἴη. ῥεφερενδάριον τῇ Λατίνων φωνῇ τὴν τιμὴν ταύτην καλοῦσι Ῥωμαῖοι. οἷς μὲν οὖν οὔπω παντάπασιν ἐς ἐρημίαν ἐμπεπτωκότα τὰ κατὰ τὴν οἰκίαν ἐτύγχανεν, αὐτοὶ ἕκαστοι τὰς τῶν προσηκόντων ἐποιοῦντο ταφάς. Θεόδωρος δὲ τά τε βασιλέως διδοὺς χρήματα καὶ τὰ οἰκεῖα προσαναλίσκων τοὺς ἀπημελημένους τῶν νεκρῶν ἔθαπτεν. ἐπεὶ δὲ τὰς θήκας ἁπάσας, αἳ πρότερον ἦσαν, ἐμπίπλασθαι τῶν νεκρῶν ἔτυχεν, οἱ δὲ ὀρύσσοντες ἅπαντα ἐφεξῆς τὰ ἀμφὶ τὴν πόλιν χωρία, ἐνταῦθά τε τοὺς θνήσκοντας κατατιθέμενοι, ὡς ἕκαστός πη ἐδύνατο, ἀπηλλάσσοντο, ἔπειτα δὲ οἱ τὰς κατώρυχας ταύτας ποιούμενοι πρὸς τῶν ἀποθνησκόντων τὸ μέτρον οὐκέτι ἀντέχοντες ἐς τοὺς πύργους τοῦ περιβόλου ἀνέβαινον, ὃς ἐν Συκαῖς ἐστί· τάς τε ὀροφὰς περιελόντες ἐνταῦθα ἐρρίπτουν τὰ σώματα οὐδενὶ κόσμῳ, καὶ ξυννήσαντες, ὥς πη ἑκάστῳ παρέτυχεν, ἐμπλησάμενοί τε τῶν νεκρῶν ὡς εἰπεῖν ἅπαντας, εἶτα ταῖς ὀροφαῖς αὖθις ἐκάλυπτον. καὶ ἀπ´ αὐτοῦ πνεῦμα δυσῶδες ἐς τὴν πόλιν ἰὸν ἔτι μᾶλλον ἐλύπει τοὺς ταύτῃ ἀνθρώπους, ἄλλως τε ἢν καὶ ἄνεμός τις ἐκεῖθεν ἐπίφορος ἐπιπνεύσειε. Πάντα τε ὑπερώφθη τότε τὰ περὶ τὰς ταφὰς νόμιμα. οὔτε γὰρ παραπεμπόμενοι ᾗ νενόμισται οἱ νεκροὶ ἐκομίζοντο οὔτε καταψαλλόμενοι ᾗπερ εἰώθει, ἀλλ´ ἱκανὸν ἦν, εἰ φέρων τις ἐπὶ τῶν ὤμων τῶν τετελευτηκότων τινὰ ἔς τε τῆς πόλεως τὰ ἐπιθαλάσσια ἐλθὼν ἔρριψεν, οὗ δὴ ταῖς ἀκάτοις ἐμβαλλόμενοι σωρηδὸν ἔμελλον ὅπη παρατύχοι κομίζεσθαι. τότε καὶ τοῦ δήμου ὅσοι στασιῶται πρότερον ἦσαν, ἔχθους τοῦ ἐς ἀλλήλους ἀφέμενοι τῆς τε ὁσίας τῶν τετελευτηκότων κοινῇ ἐπεμέλοντο καὶ φέροντες αὐτοὶ τοὺς οὐ προσήκοντας σφίσι νεκροὺς ἔθαπτον. ἀλλὰ καὶ ὅσοι πράγμασι τὰ πρότερα παριστάμενοι αἰσχροῖς τε καὶ πονηροῖς ἔχαιρον, οἵδε τὴν ἐς τὴν δίαιταν ἀποσεισάμενοι παρανομίαν τὴν εὐσέβειαν ἀκριβῶς ἤσκουν, οὐ τὴν σωφροσύνην μεταμαθόντες οὐδὲ τῆς ἀρετῆς ἐρασταί τινες ἐκ τοῦ αἰφνιδίου γεγενημένοι· ἐπεὶ τοῖς ἀνθρώποις ὅσα ἐμπέπηγε φύσει ἢ χρόνου μακροῦ διδασκαλίᾳ ῥᾷστα δὴ οὕτω μεταβάλλεσθαι ἀδύνατά ἐστιν, ὅτι μὴ θείου τινὸς ἀγαθοῦ ἐπιπνεύσαντος· ἀλλὰ τότε ὡς εἰπεῖν ἅπαντες καταπεπληγμένοι μὲν τοῖς ξυμπίπτουσι, τεθνήξεσθαι δὲ αὐτίκα δὴ μάλα οἰόμενοι, ἀνάγκῃ, ὡς τὸ εἰκὸς, πάσῃ τὴν ἐπιείκειαν ἐπὶ καιροῦ μετεμάνθανον. ταῦτά τοι, ἐπειδὴ τάχιστα τῆς νόσου ἀπαλλαγέντες ἐσώθησαν ἔν τε τῷ ἀσφαλεῖ γεγενῆσθαι ἤδη ὑπετόπασαν, ἅτε τοῦ κακοῦ ἐπ´ ἄλλους ἀνθρώπων τινὰς κεχωρηκότος, ἀγχίστροφον αὖθις τῆς γνώμης τὴν μεταβολὴν ἐπὶ τὰ χείρω πεποιημένοι μᾶλλον ἢ πρότερον τὴν τῶν ἐπιτηδευμάτων ἀτοπίαν ἐνδείκνυνται, σφᾶς αὐτοὺς μάλιστα τῇ τε πονηρίᾳ καὶ τῇ ἄλλῃ παρανομίᾳ νενικηκότες· ἐπεὶ καὶ ἀπισχυρισάμενος ἄν τις οὐ τὰ ψευδῆ εἴποι ὡς ἡ νόσος ἥδε εἴτε τύχῃ τινὶ εἴτε προνοίᾳ ἐς τὸ ἀκριβὲς ἀπολεξαμένη τοὺς πονηροτάτους ἀφῆκεν. ἀλλὰ ταῦτα μὲν τῷ ὑστέρῳ ἀποδέδεικται χρόνῳ. Τότε δὲ ἀγοράζοντά τινα οὐκ εὐπετὲς ἐδόκει εἶναι ἔν γε Βυζαντίῳ ἰδεῖν, ἀλλ´ οἴκοι καθήμενοι ἅπαντες, ὅσοις ξυνέβαινε τὸ σῶμα ἐρρῶσθαι, ἢ τοὺς νοσοῦντας ἐθεράπευον, ἢ τοὺς τετελευτηκότας ἐθρήνουν. ἢν δέ τις καὶ προϊόντι τινὶ ἐντυχεῖν ἴσχυσεν, ὅδε τῶν τινα νεκρῶν ἔφερεν. ἐργασία τε ξύμπασα ἤργει καὶ τὰς τέχνας οἱ τεχνῖται μεθῆκαν ἁπάσας, ἔργα τε ἄλλα ὅσα δὴ ἕκαστοι ἐν χερσὶν εἶχον. ἐν πόλει γοῦν ἀγαθοῖς ἅπασιν ἀτεχνῶς εὐθηνούσῃ λιμός τις ἀκριβὴς ἐπεκώμαζεν. ἄρτον ἀμέλει ἢ ἄλλο ὁτιοῦν διαρκῶς ἔχειν χαλεπόν τε ἐδόκει καὶ λόγου πολλοῦ ἄξιον εἶναι· ὥστε καὶ τῶν νοσούντων τισὶν ἄωρον ξυμβῆναι δοκεῖν ἀπορίᾳ τῶν ἀναγκαίων τὴν τοῦ βίου καταστροφήν. καὶ τὸ ξύμπαν εἰπεῖν, χλαμύδα οὐκ ἦν ἐνδιδυσκόμενόν τινα ἐν Βυζαντίῳ τὸ παράπαν ἰδεῖν, ἄλλως τε ἡνίκα βασιλεῖ νοσῆσαι ξυνέβη (καὶ αὐτῷ γὰρ ξυνέπεσε βουβῶνα ἐπῆρθαι), ἀλλ´ ἐν πόλει βασιλείαν ἐχούσῃ ξυμπάσης τῆς Ῥωμαίων ἀρχῆς ἱμάτια ἐν ἰδιωτῶν λόγῳ ἅπαντες ἀμπεχόμενοι ἡσυχῆ ἔμενον. τὰ μὲν οὖν ἀμφὶ τῷ λοιμῷ ἔν τε τῇ ἄλλῃ Ῥωμαίων γῇ καὶ ἐν Βυζαντίῳ ταύτῃ πη ἔσχεν.

    1. Cette maladie [la peste] dura quatre mois à Constantinople ; mais elle n'y fut, bien violente que pendant trois mois seulement. Elle enlevait d'abord si peu de personnes, que le nombre des morts n'en paraissait pas plus grand que de coutume. Dans la suite il en mourrait cinq mille chaque jour, et sur la fin dix mille, et plus. Chacun prenait le soin, au commencement, de la sépulture de les morts, et les mettait dans des tombeaux étrangers, soit en secret et par adresse, ou en public, et par force ; mais depuis on ne le fit que par confusion. Les valets se trouvèrent sans maîtres. les maîtres furent privés, ou par la maladie, ou par la mort, du service de leurs valets. Les maisons furent désolées, et les corps demeurèrent plusieurs jours sans sépulture. 2. L'Empereur fit son possible pour arrêter le cours de se mal. Il donna de l'argent à Théodore pour le distribuer, et lui assigna des soldats pour y servir sous lui. La fonction de sa charge était de présenter au Prince les requêtes des particuliers, et de leur en dire la réponse. Les Romains donnent à cet officier le nom de Référendaire. Ceux dont les maisons n'étaient pas entièrement désertes, prenaient le soin des funérailles de leurs proches. Theodore employa l'argent de l'Empereur, et même une partie du sien à faire enterrer les pauvres. Quand tous les tombeaux furent remplis, on creusa des fosses le long des murailles de la ville ; quand toutes ces places furent occupées, les fossoyeurs découvrirent les tours pour y entasser des corps, et après ils les recouvrirent. La puanteur qui sortait de ce monstrueux amas de corruption, était aussi insupportable que la contagion l'avait été, surtout lorsque le vent en chassait l'odeur dans les places publiques, et dans les maisons particulières. Il n'y avait alors aucune cérémonie dans les enterrements, et l'on n'y observait ni la solennité du chant, ni le reste de la pompe. On se contentait de porter les morts sur les épaules dans le quartier de la ville, qui est le plus proche de la mer, et de les charger sur des vaisseaux pour les enlever. Ceux du peuple, qui avaient été autrefois de différentes factions, quittèrent leur haine, et se réunirent pour rendre conjointement les derniers devoirs à des personnes qui leur avaient été inconnues durant leur vie. 3. Ceux qui auparavant s'étaient abandonnés à la débauche, s'adonnaient alors à la piété. Ce n'est pas qu'ils eussent perdu en un instant l'habitude de l'incontinence, et qu'ils eussent acquis celle de la vertu. L'on ne se délivre pas, sans un secours tout extraordinaire du Ciel, des mauvaises qualités que la nature a mises dans le fond de notre âme, et qu'une longue accoutumance y a gravées profondément. Mais c'est que la vue de tant d'accidents funestes, et la menace d'une mort prochaine, les obligeait à paraitre plus retenus. En effet, lorsqu'ils crurent que le danger était passé, et que leurs forces furent rétablies, ils changèrent une seconde fois de mœurs, et retournèrent aux dérèglements qu'ils avaient quittés. L'excès des désordres où ils se prostituaient avec la dernière licence, pouvait faire dire avec raison, que cette maladie, soit par hasard ou par choix, avait enlevé les plus gens de bien, et épargné les plus coupables. Mais cette remarque sera faite en un autre endroit. 4. On ne voyait personne dans les places, publiques de Constantinople, durant cette déplorable affliction. Ceux qui se portaient bien demeuraient dans leurs maisons, pour y assister les malades, ou pour y pleurer les morts. Que si quelqu'un paraissait dans les rues, ce n'était que pour enterrer des corps. Il n'y avait plus de commerce, plus d'affaires, plus d'exercice des Arts. Cette cessation générale fit venir la famine dans une ville, où l'abondance était ordinaire continuelle. Il était si difficile d'y avoir du pain, que plusieurs moururent faute de manger. Enfin l'on ne voyait personne porter la robe, surtout durant la maladie de l'Empereur, qui fut attaqué d'un charbon. Les hommes de la qualité la plus relevée se contentaient de se couvrir d'un petit manteau, au milieu de la capitale de l'Empire. Voilà les désordres que produisit la maladie contagieuse dans Constantinople, et dans les autres pays de l'obéissance des Romains.

  • Dans la pièce Oedipe de SÉNÈQUE une présentation des ravages de la peste est faite aux vers 52 à 70:

    Nec ulla pars immunis exitio uacat,
    sed omnis aetas pariter et sexus ruit,
    iuuenesque senibus iungit et natis patres
    55 funesta pestis, una fax thalamos cremat,
    planctuque acerbo funera et questu carent.
    quin ipsa tanti peruicax clades mali
    siccauit oculos, quodque in extremis solet,
    periere lacrimae. portat hunc aeger parens
    [60] supremum ad ignem, mater hunc amens gerit
    properatque ut alium repetat in eundem rogum.
    quin luctu in ipso luctus exoritur nouus,
    suaeque circa funus exequiae cadunt.
    tum propria flammis corpora alienis cremant;
    65 diripitur ignis: nullus est miseris pudor.
    non ossa tumuli sancta discreti tegunt:
    arsisse satis est: pars quota in cineres abit?
    deest terra tumulis, iam rogos siluae negant.
    non uota, non ars ulla correptos leuant:
    [70] cadunt medentes, morbus auxilium trahit.

    Personne n'échappe à ce fléau désastreux. Il frappe sans distinction d'âge ni de sexe, moissonne les jeunes gens et les vieillards, les pères et les enfants, joint l'époux et l'épouse sur le même bûcher. Le deuil et les pleurs n'accompagnent point les funérailles. Que dis-je? la rigueur obstinée de ce mal terrible a tari la source des larmes, et (ce qui est le dernier terme de la douleur) les yeux demeurent secs. Ici c'est un père mourant, [60] là une mère éperdue, qui portent leur enfant sur le bûcher, et se hâtent d'en aller prendre un autre pour lui rendre le même devoir. La mort même naît de la mort : ceux qui conduisent les convois tombent sans vie à côté de leur fardeau. On voit aussi des infortunés jeter leurs morts sur des bûchers allumés pour d'autres. On se dispute la flamme funéraire : le malheur étouffe tout sentiment. Les restes sacrés des morts ne sont point ensevelis dans des tombes séparées on se contente de les brûler, et encore ne les brûle-t-on pas tout entiers. L'espace manque pour les sépultures et le bois pour les bûchers. Ni prières, ni soins ne peuvent adoucir la violence du mal.

    [70] L'art succombe, et le malade entraîne avec lui le médecin.

  • OVIDE, Métamorphoses, VII, vers 606 à 613 :

    corpora missa neci nullis de more feruntur
    funeribus (neque enim capiebant funera portae):
    aut inhumata premunt terras aut dantur in altos
    indotata rogos; et iam reuerentia nulla est,
    [7,610] deque rogis pugnant alienisque ignibus ardent.
    qui lacriment, desunt, indefletaeque uagantur
    natorumque patrumque animae iuuenumque senumque,
    nec locus in tumulos, nec sufficit arbor in ignes.

    On cesse de rendre les honneurs du tombeau. Les portes de la ville n'ouvrent pas un passage assez grand à tant de funérailles. Les cadavres sont abandonnés sur les places publiques, ou entassés, sans pompe, sur d'immenses bûchers. Plus de respect pour les morts.
    [7,610] On se dispute les feux allumés pour les recevoir. Les uns sont jetés sur ces lits funèbres que pour d'autres on a préparés. Personne ne pleure sur leurs cendres. Les âmes des pères et des enfants, des jeunes gens et des vieillards, errent oubliées sur les rives du Styx. La terre ne suffit point aux tombeaux, le bois aux bûchers.


4. HODOI ELEKTRONIKAI & environnements hypertextes :

Ce fut un dur labeur mais Christian RUELL n'a pas failli à l'entreprise : 4 nouveaux (et volumineux) environnements hypertextes ont été créés :

  • Aristote, Les Topiques, livre VIII [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Procope de Césarée, Le Livre des guerres de Justinien, livre II [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Procope de Césarée, Le Livre des guerres de Justinien, livre VII [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Procope de Césarée, Anekdota ou Histoire secréte de Justinien, texte complet [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.


Jean Schumacher
29 janvier 2010


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002