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Date :     21-07-2017

Sujets :
LECTURE : Pétrarque (1304-1374) : Dieu a-t-il sulement le droit de l'oubli des choses passées ? ; LECTURE : Érasme (1469-1536) à propos des conséquences d'une explosion de barils de poudre ; LECTURE : Érasme (1469-1536) à propos de la mission et du rôle des rois et des princes ; ITINERA ELECTRONICA : Textes préparés : Jean de Salisbury, Pétrarque ;

Notice :

1. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) : Dieu a-t-il sulement le droit de l'oubli des choses passées ? :

Pétrarque, Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch. CXXVI : De la mort des méchants

... Adhuc quo in statu mori uelis in te est, adhuc sine peccatis mori potes, non quod peccata non fuerint, sed non erunt. Etsi enim in preteritis nullum ius nisi obliuionis habere Deum, Plinius secundus existimet, habet tamen quod ille uir curiosissimus non uidit, ius etiam abolitionis. Itaque facta licet infecta esse non possint, ex facto tamen oriens peccatum sic deleri potest, ut iam amplius non sit; ita, ut sicut scriptum est: queratur peccatum et non inueniatur. Non quod se peccati uinculis absoluere potentie sit humane, sed quod pie hominum uoluntati contritoque cordi, diuinum nunquam desit auxilium.

... Il dépend donc encore de toi en quel état tu veux mourir. Tu peux même expirer sans péché, non pas que tes péchés n'aient été ci-devant réels, mais parce qu'ils ne seront plus. Car bien que Pline second croie que Dieu n'a point d'autre droit que celui d'oubli sur les choses passées, il a pourtant encore sur elles un droit d'abolition, quoique cette vérité n'ait pas été connue d'un homme si curieux, ou plutôt du plus curieux de tous les hommes. Et certes encore que ce qui est fait déjà ne puisse n'être pas fait, toutefois le péché qui sort des oeuvres effectives, peut-être effacé de telle sorte qu'il ne soit plus, et qu'on le cherche sans le trouver, ainsi que parlent les saints oracles. Ce n'est pas qu'il soit au pouvoir de l'homme de se délivrer des liens du péché par ses propres forces, mais le secours de Dieu ne manque jamais à la bonne volonté et à la sincère contrition du coeur des hommes.


2. LECTURE : Érasme (1469-1536) à propos des conséquences d'une explosion de barils de poudre :

Érasme, Correspondance, Lettre 1756 à Nicolas Varius - extrait :

... Quis hoc machinarum genus egcogitauit ? Olim artes ad humanae uitae usum repertas diis attribuit antiquitas, ueluti medicinam Apollini, agricolationem Cereri, uitis culturam Baccho, furandi artificium Mercurio. Huius inuenti laudem non puto cuiquam deberi, nisi uehementer ingenioso cuipiam nec minus scelerato cacodaemoni. Si quid tale comminisci potuisset Salmoneus ille, potuisset uel ipsi Ioui medium unguem ostendere. Et tamen hic nunc Christianorum atque adeo puerorum lusus est. In tantum apud nos decrescit humanitas, accrescit immanitas. Olim Corybantes tympanorum et tibiarum strepitu homines compellebant in rabiem. Habet enim ille sonitus miram uim ad commouendos animos. At horribilius sonant nostra tympana, nunc anapaestis, nunc pyrichiis perstrepentia. At his nunc pro tubis Christiani utimur in bello, quasi illic non satis sit esse fortem, sed oporteat furere. Quid autem dixi de bello ? Vtimur in nuptiis, utimur diebus festis, utimur in templis. Ad furiosum illum sonitum procurrunt in publicum uirgines, saltat noua nupta, ornatur festi diei celebritas, qui tum est maxime laetus, si toto die per urbem obambulet plusquam Corybanticus tumultus. At ego arbitror apud inferos non alio organo celebrari dies festos, si modo surit illic ulli. Plato putat magni referre quo genere musices uteretur ciuitas, quid dicturus si hanc musicam audisset inter Christianos ? Iam hoc musicae genus quod simul et flatile est et pulsatile, in templis solenne, quibusdam non placet nisi bellicam tubam longe superet ; et immanis ille sonitus auditur a suris uirginibus, dum res diuina peragitur. Nec id satis ; sacrificus uocem ad tonitrui fragorem effingit, nec alii magis placent aliquot Germaniae principibus. Adeo nostris ingeniis nihil est dulce quod non sapiat bellum. ...

Qui a donc invente ce genre d'artifices ? {explosion de barils de poudre} Jadis, l'antiquité attribuait aux dieux l'invention des arts, inventés pour les besoins de la vie humaine ; par exemple la médecine était vouée à Apollon, les travaux des champs à Cérès, la viticulture à Bacchus, les stratagèmes du vol à Mercure. Pour cette découverte-ci {explosion}, je ne crois pas que le mérite en revienne à personne sinon à quelque mauvais génie puissamment inventif et non moins pervers. Si le fameux Salmonée avait pu se targuer de quelque trouvaille semblable, il eût pu faire la nique à Jupiter lui-même. Et pourtant, aujourd'hui et chez nous, des chrétiens et même des enfants s'en font un jeu. Tant chez nous la civilisation a perdu du terrain au profit de la barbarie. Autrefois, les Corybantes faisaient entrer leur monde en transes au son du tambourin et de la flûte, instruments dont le timbre produit des effets singuliers sur les dispositions intérieures ; mais on frémit bien davantage en entendant nos tambours actuels scander tantôt l'anapeste, tantôt le pyrrhique. Et nous, des chrétiens, nous nous en servons à la guerre en guise de clairons, comme s'il ne suffisait pas de faire preuve de courage sans encore devoir se mettre en furie ! À la guerre ? Que dis-je ! Nous en faisons usage aux noces, aux fêtes, au temple. C'est dans ce bruit affolant que les jeunes-filles apparaissent en public, que danse la jeune épousée, que se déroulent les cérémonies des grandes fêtes où la liesse atteint son comble lorsque, durant tout un jour, la ville est parcourue par ce tohu-bohu plus que bachique. Pour ma part, je crois qu'en enfer on n'a pas d'autre instrument pour agrémenter les fêtes, à supposer, évidemment, qu'il s'en célèbre là-bas. Platon croit qu'il est de la plus haute importance de déterminer le genre de musique dont la cité fera usage — qu'aurait-il dit en entendant cette musique-là chez des chrétiens ? Certains, déjà, ne se satisfont plus de celle qu'on entend dans les temples au cours des cérémonies, et qui mêle les instruments à vent et la percussion, à moins qu'elle ne soit assez bruyante pour couvrir les sons de la trompette guerrière ; et c'est cet affreux tapage qu'on fait entendre aux vierges consacrées durant la célébration de l'office divin. Mais ce n'est pas assez encore : le célébrant hausse le ton et tient tête à ce vacarme tonitruant... rien ne plaît davantage à certains princes allemands. Tant il est vrai que rien ne nous flatte qui n'ait une saveur guerrière ! ...

Traduction française : Daniel Coppieters de Gibson, André Raeymaeker, Aloïs Gerlo, La correspondance d'Érasme, vol. VI (1525 - 1527), University Press, Bruxelles, 1978


3. LECTURE : Érasme (1469-1536) à propos de la mission et du rôle des rois et des princes :

Érasme, Correspondance, Lettre 2177 à Christophe Szydlowiecki - extrait :

... Id quum multis iam seculis res ipsa docuerit, miror a principibus non intellectum. Si intellectum est, miror illos non meminisse. At uereor ne sint quorum oculos occupet ambitio, iudicium deprauet odium, nec philosophiae locum det animus uoluptatum quam reip(ublicae) studiosior. Verum regibus, si sapiunt, non uacat ludere ; quodque in priuatis hominibus luxus et nequicia est, in principe impietas est. Nulla res principi deberet plus adferre uoluptatis quam reip(ublicae) tranquillitas, quam ciuium emendati mores, quam bonarum legum autoritas. Haec meditari, haec procurare, haec tueri, principum est alea, lusus, uenatus et amores. Et si uacaret, sublimior est princeps quam qui plebeiis istis ac sordidis uoluptatibus caperetur. An non numinis uice est inter homines, ad cuius nutum tot hominum milia stringunt ferrum et in mortem ruunt? A cuius prouidentia pendent tot urbes, tot regna ? Et huic uacat pernoctem ludere aleam, ridere moriones, indulgere furtiuis puellarum amoribus, et choreas ducere ? ...

... C'est une leçon que l'histoire nous {Érasme}a donnée depuis plusieurs siècles ; aussi je m'étonne que les princes ne l'aient pas comprise. S'ils l'ont comprise, je m'étonne qu'ils ne l'aient pas retenue. Mais je crains qu'il n'y en ait dont les yeux soient aveuglés par l'ambition, le jugement dévoyé par la haine, et dont le coeur ne laisse aucune place à la sagesse, parce qu'il s'attache plus aux plaisirs qu'aux intérêts de l'État. Mais les rois, s'ils sont sages, n'ont point loisir de jouer ; et ce qui est chez les simples citoyens, intempérance et dissipation, est impiété chez le prince. Rien ne devrait donner au prince plus de plaisir que la paix de la république, les moeurs irréprochables des citoyens, l'autorité des bonnes lois. Réfléchir à ces questions, y donner ses soins, y veiller, voilà pour des princes les dés, le jeu, la chasse et les amours. Eût-il du temps libre, le prince est trop sublime pour se laisser posséder par ces plaisirs plébéiens et vils. Ne tient-il pas lieu de divinité parmi les humains, celui qui sur un simple signe fait tirer l'épée à tant de milliers d'hommes et les envoie se ruer à la mort, ou dont la prévoyance règle le sort de tant de villes, de tant de royaumes ? Et ce personnage a le temps de passer la nuit à jouer aux dés, de rire à ses bouffons, de s'abandonner aux amours furtives et de mener des choeurs de danse ? ...

Traduction française : Jacques Chomarat, joseph Helle gouarc'h, Pierre Langlois, Guy Serbat, Jean-Claude Margolin, La correspondance d'Érasme, vol. VIII (1529 - 1530), University Press, Bruxelles, 1979


4. ITINERA ELECTRONICA : Environnements hypertextes & Textes préparés :

A) Environnements hypertextes :

    Semaine de relâche (vacances)

    Ingénierie informatique : Boris Maroutaeff, Colin Scoupe

B) Textes préparés :

  • Jean de Salisbury (vers 1115 - 1180), Policraticus, Livre IV, chap. X ..
    Traduction française encodée par nos soins en adaptant l’orthographie.
    Traduction française : François Eudes de Mézeray, Les vanitez de la cour. Paris, Quinet, 1639. latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Jean_de_Salisbury/policraticus_04_10.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Jean_de_Salisbury/policraticus_04_10_fr.txt
  • Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch. 126 . De la mort des méchants..
    Traduction française numérisée par nos soins en adaptant l’orthographie.
    Traduction française : Entretiens familiers de Pétrarque sur la bonne ou mauvaise fortune ou l’art de vivre heureux. Tomme second. Paris, Trabouillet , 1673 latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch126.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch126_fr.txt

 


Jean Schumacher
21 juillet 2017


 
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Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002