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Date :     18-11-2011

Sujets :
HODOI ELEKTRONIKAI & l'opération épuration ; Lecture : Lucien JERPHAGNON à propos de liberté et de Synésius de Cyrène ; Lecture : CORIPPE : Le pouvoir ne se partage pas ; ITINERA ELECTRONICA : 5 nouveaux environnements hypertextes : Augustin, Bernard de Clairvaux, Corippe, Guillaume de Tyr, Hildegarde von Bingen ;

Notice :

1. HODOI ELEKTRONIKAI & l'opération épuration :

1. Historique :

Le site HODOI ELEKTRONIKAI a vu le jour en 2003 (les ITINERA ELECTRONICA remontent à 1998) mais la production d'environnements hypertextes n'a réellement pu commencer qu'en 2005 lorsque le standard UNICODE (nécessaire pour le traitement du grec polytonique) était bien reconnu et assimilé dans les différents systèmes opératoires et logiciels de base utilisés par nous.

Le 2 juillet 2010, nous avons arrêté la production d'environnements hypertextes : 98 auteurs comportant 1378 oeuvres différentes avaient été traités totalisant 11.010.080 formes (occurrences).

En comparaison, l'entreprise THESAURUS LINGUAE GRAECAE (TLG), hébergée par l'Université de Californie à Irvine, renferme actuellement plus de 60 millions de formes traitées.

2. Correspondance :

Le 22 septembre dernier, les responsables des HODOI ont reçu une première missive de la part de l'actuelle direction du TLG. Il y est dit, entre autres :

"This site [les HODOI] includes a large number of digital files that have been either copied from the TLG CD ROM or have been downloaded from our web site without our permission. ... I am asking you to remove all Greek texts posted on your site. We have no claim or objection to the Latin texts and other resources that you have produced, i.e. derivative research such as word indices, but we insist that all complete Greek texts posted be permanently removed and expunged from your servers".

Nous n'avons recopié aucun texte grec des différents CD-ROM's du TLG ni du site web du TLG. En toute confiance, nous avons repris les TEXTES GRECS à des sites comme :

Souvent, sur ces sites, l'édition de référence est indiquée mais, en règle générale, aucune indication n'est fournie quant à la source du fichier électronique mis à disposition ni quant à son statut. Plusieurs de ces sites sont des sites personnels.

En soumettant une requête au moteur de recherche GOOGLE, relative à un auteur grec et/ou à son oeuvre, souvent, plusieurs autres sites sont fournis en réponse où l'accès aux fichiers TEXTES est libre.

Nous avons communiqué ces données à la direction du TLG et, en retour, il nous a été répondu ceci :

" ... The texts available through the Mikros Apoplous site as well as those present in the directory of R. Khazarzar have indeed been copied from the TLG CD ROM without our permission. They were stolen by a research team of the University of the Aegean, Greece and posted online under the name Digital Patrology. The University of California through its legal counsel demanded their removal of the site, and the administration of the University of the Aegean, after proper investigation, complied. Unfortunately, a disgruntled member of the team gave the texts to Khazarzar who proceeded to post them on his site. He originally agreed to remove the front page at our request but he has not removed his parent directory which is still accessible. Contrary to the statements of the site, the texts do not come from Migne's Patrology. They are for the most part modern copyrighted editions digitized by the TLG. Patristics scholars should be able to tell right away that the majority of the texts do not come from Migne's edition.
Similarly, the texts posted on the site of Mikros Apoplous and the other sites you mentioned have been downloaded from our CD ROM or our web site by volunteer contributors. ..."

Nous ne sommes pas en mesure de vérifier si ces assertions de la direction du TLG correspondent, oui ou non, à la réalité. Pour Philippe Remacle c'est même impossible : il est décédé le 11 mars 2011 des suites d'une longue maladie (son site est à l'arrêt depuis le 29 novembre 2010).

Mais dans le doute, il faut s'abstenir. C'est pourquoi les responsables des HODOI ont fait savoir au TLG qu'ils allaient progressivement retirer les FICHIERS TEXTES incriminés du site des HODOI tout en maintenant l'ensemble des environnements et bases de données créées au fil des ans, car il s'agit là de productions originales, élaborées au moyen d'applications développées, ici, en faculté même, par les informaticiens de l'équipe facultaire (Faculté de Philosophie et Lettres; sigle : FLTR, actuellement : FIAL).

Nous avons réclamé un délai pour cette opération de retrait qui ne peut se faire de façon automatisée car les procédures et écritures ont fortement évolué durant les 8 ans d'existence du projet : si les TEXTES peuvent être retirés tels quels, les références et liens premiers à traiter dans les différents fichiers des environnements hypertextes nécessitent du temps et de la patience. Or, pour nous, la vie continue et nous avons encore autre chose à faire pendant ce temps là. Et il n'y aura pas de nouvelles ressources à disposition.

3. Opération épuration :

Début octobre 2011, nous avons commencé l'opération épuration; c'est, en effet, ainsi que nous l'avons appelée. Et nous l'avons signalé à la direction du TLG. Mais une nouvelle missive du TLG est arrivée la semaine passée, directement adressée aux autorités de l'Université. Il s'agit d'une mise en demeure sous peine de poursuites judiciaires. Une date butoir est fixée : le 1er décembre 2011.

A l'heure actuelle, de l'ordre de 28 auteurs (sur 98) et leurs oeuvres ont été traités de la sorte : ce qui représente, à nos yeux, 1/5 du travail à faire. Il nous est impossible de terminer cette opération pour le 1er décembre 2011. Nous avons dû, dès lors, trouver une autre solution, car l'Université souhaite éviter les poursuites judiciaires.

Cette solution consiste en une limitation provisoire de l'accès aux CONCORDANCES des HODOI ELEKTRONIKAI.

==> Le LUNIDI 28 novembre 2011, l'accès aux CONCORDANCES sera limité à l'INTRANET UCL. Ce qui veut dire que seuls les postes de travail connectés aux réseaux de communication au travers d'une adresse IP (Internet Protocol), compatible avec le système d'adressage de l'Université (UCL-LLN), pourront encore accéder librement aux environnements hypertextes.

Lorsque l'opération épuration aura pris fin (dans 4 ou 5 mois ?), cette limitation sera de nouveau levée. L'accès reste, cependant, libre au moteur de recherche, au dictionnaire des formes ainsi qu'autres autres outils mis à disposition sur le site HODOI ELEKTRONIKAI.

Existe-t-il des solutions alternatives ? Oui, et elles sont de différents ordres :

En premier lieu, un recours aux sites personnels, mentionnés ci-dessus, reste toujours possible. Le TLG ne semble viser, en effet, que des dépôts de sites académiques.

D'un autre côté, si vous êtes enseignant et que vous disposez, dans votre établissement d'enseignement, d'un poste de travail relié aux réseaux au travers d'une adresse IP fixe ("fixe" veut dire qu'elle n'est pas susceptible de changer d'une session de travail à l'autre et qu'elle ne résulte pas d'une attribution réalisée grâce à un réseau sans fil), prenez contact avec
ALAIN MEURANT (alain.meurant@uclouvain.be),
indiquez lui cette adresse IP, vos coordonnées ainsi que l'utilisation envisagée : nous pourrons ajouter cette adresse à la liste des accès autorisés.

Enfin, le recours au moteur de recherche GOOGLE pour un auteur / une oeuvre donné(e) fournira, en réponse, des adresses d'éditions de textes grecs numérisées par GOOGLE dans différentes bibliothèques et, si elles sont libres de droits (faites avant 1923), vous pourrez les télécharger au format PDF / IMAGE.

N'oublions pas que les fichiers des HODOI restent, pendant un temps, dont nous ne pouvons mesurer la durée, présents - et donc accessibles directement - dans le cache de GOOGLE.

4. Conclusions :

==> L'attitude de l'actuelle direction du TLG ressemble, à nos yeux, à un combat d'arrière-garde. L'ancienne direction l'avait bien compris : l'avènement sur la Toile de Bibliothèques entières, numérisées par GOOGLE, allait mettre à mal les (simples) dépôt de textes si pas mettre fin à leur originalité. Pour donner une nouvelle valeur à ces dépôts, il fallait intégrer des valeurs ajoutées : analyses linguistiques, données archéologiques, données iconographiques, survies dans des littératures d'autres langues, etc. etc.

Maintenant, la communauté des utilisateurs intéressés, peut télécharger librement de la Toile des éditions entières et convertir, via des logiciels en libre circulation, les fichiers TEXTES de ces éditions, qui sont au format PDF (Portable Document Format), dans un format plus facilement utilisable dans les différents traitements entrevus.

Nous en avons fait l'expérience et pour des oeuvres grecques et pour des textes latins. Cette semaine-ci encore, nous avons "récupéré" de cette façon le livre IV de la Johannide de CORIPPE (6e siècle de notre ère). Nous avons téléchargé l'édition complète, extrait les pages du livre IV; pages que nous avons fait reconnaître optiquement et, après relecture, le fichier TEXTE était prêt pour l'environnement hypertexte.

==> Le plus bel hommage qui ait pu être rendu aux HODOI ELEKTRONIKAI l'a été par une jeune enseignante française : jeune diplômée, elle est arrivée dans son établissement d'enseignement au moment où celui-ci fermait la section de grec. La bibliothèque de l'établissement ne renfermait aucune édition de texte grec.

Patiemment et avec application, elle a construit un enseignement en utilisant texte, traduction, outils et applications mis à disposition sur les HODOI. Puis, elle a intéressé des parents d'élèves à cet enseignement. Ensuite, il y a eu des étudiants "volontaires" et, enfin, elle a obtenu la rérouverture de la section grecque. Section, qui est bien vivante actuellement.

Et mission accomplie pour les HODOI : mettre en accès libre sur la Toile - et gratuitement - toute l'infrastructure nécessaire à l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité.

C'est avec cet objectif en vue qu'a été lancé en 2005 le serveur éducatif HELIOS, en réponse à une interrogation du recteur de l'académie de Grenoble : Que va devenir l'enseignement du latin et du grec s'il n'y a pas de recours aux nouvelles technologies (TICE) ? Plusieurs enseignantes de cette académie ont relevé le défi : créer des contenus pédagogiques habillées ("supportées") à l'UCL-LLN au moyen des nouvelles technologies d'information et de communication.

Qu'il nous soit permis ici de gratias agere, une nouvelle fois, à l'encontre de Sophie van Esch, d'Anne Fillon, de Dominique Augé, de Lise Biscarat et de Véronique Mestre-Gibaud qui ont "construit" sur la Toile, au sein d'HELIOS - et avec le support des TICE -, de nombreuses séquences pédagogiques ou leçons d'enseignement dont le succès ne se démentit pas. Succès qui a entraîné à sa suite de nouveaux enseignants créant de nouvelles séquences au bénéfice de tous les étudiants de l'enseignement secondaire.

Une véritable "histoire à succès". HELIOS constitue la valeur ajoutée des ITINERA et des HODOI !

Pour revenir aux HODOI, nous vous demandons et votre compréhension - nous n'avons pas cherché les "foudres" dont le TLG nous menace - et votre patience :dans quelques mois la situation sera revenue à la normale.


2. Lecture : Lucien JERPHAGNON à propos de liberté et de Synésius de Cyrène :

Livre : Lucien JERPHAGNON, De l'amour, de la mort, de Dieu et d'autres bagatelles.
Entretiens avec Christiane Rancé.
Paris, Albin Michel, 2011, 264 pp.

Extrait : pp. 152-153

" ... Mais d'abord, qu'en est-il de la «liberté» dans la France d'aujourd'hui, telle qu'elle m'apparaît ? Je serais enclin à l'y voir comme une obsession, une hantise. À en croire certaines gens de politique, elle serait même en perpétuel danger. Toutefois, que ce soit dans les discours électoraux qu'on la donne pour gravement menacée, ainsi que j'ai cru le remarquer, relativise quelque peu le danger de s'en voir privé demain. Quant à ce qu'on a en tête quand il en est question, j'en suis à me demander si dès le plus jeune âge, on n'aurait pas intériorisé la définition que je prêtais plus haut à Jean Tartemol, et que j'ai trouvée déjà en vigueur au Ve siècle de notre ère... Comme quoi «mes chers auteurs » seraient moins démodés qu'on ne le pense.
En effet, dans ses Récits égyptiens, Synésios de Cyrène, évoquant la personnalité d'un certain Typhon, frère d'Osiris, dit de lui qu'« il pensait que la seule activité des hommes libres consistait à faire ce qui leur passait par la tête». Définition qui pour beaucoup de jeunes d'aujourd'hui non seulement va de soi, mais encore doit être tenue pour « un acquis ».
Cela dit, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure voie pour accéder à une maîtrise de soi telle qu'on s'en est transmis l'idée pendant si longtemps, et qui seule affranchit de la pire des dépendances : celle de ses propres fantasmes et pulsions. Je songe à tout ce que l'environnement médiatique peut suggérer de ce point de vue à des psychismes – et à des intelligences – en cours de formation. Que de choses à propos de quoi on dira un jour prochain : «Il ne peut plus s'en passer... » Il semble pourtant que de nos jours, ce soit la conception qu'avait de la liberté le nommé Typhon qui a la faveur du plus grand nombre, parce que «la plus moderne ».
Soit dit en passant, le même Synésios de Cyrène écrit aussi : «Le mal s'apprend sans maître ; la vertu, en revanche, s'acquiert péniblement.» Or c'est bel et bien Hésiode qu'il cite, dans Les Travaux et les Jours. Douze siècles après Hésiode, Synésios ne le trouvait pas démodé..."

Témoignages :

Synesius de Cyrène (c. 373 – c. 414), L’Égyptien ou De la providence, I, 2 :

… ὁ δὲ πρεσβύτερος, ὁ Τυφώς, ἑνὶ λόγῳ, πάντα ἐπαρίστερος. σοφίαν μὲν δὴ πᾶσαν, ὅση τε Αἰγυπτία καὶ ὅσης ὑπερορίου διδασκάλους ὁ βασιλεὺς Ὀσίριδι τῷ παιδὶ παρεστήσατο, ἀπεστυγήκει τε ὅλῃ γνώμῃ καὶ κατεγέλα τοῦ πράγματος, ὡς ἀργοῦ τε καὶ δουλοῦντος τὰς γνώμας· ὁρῶν δὲ τὸν ἀδελφὸν φοιτῶντά τε ἐν τάξει καὶ αἰδοῖ συζῶντα, τοῦτο δὲ ᾤετο φόβον εἶναι, δι´ ὃ οὔτε πὺξ παίοντά τις εἶδεν, οὔτε λὰξ ἐναλλόμενον, οὔτε δρόμον θέοντα ἄκοσμον, καὶ ταῦτα κοῦφόν τε ὄντα καὶ περιεπτισμένον καὶ ἐλαφρὸν τῇ ψυχῇ φορτίον τὸ σῶμα περικείμενον. ἀλλ´ οὐδὲ χανδόν ποτε Ὄσιρις ἔπιεν, οὔτε ἐξεκάγχασεν, ὡς εἶναι τὸν γέλωτα βρασμὸν ὅλου τοῦ σώματος, ἅπερ Τυφὼς ἔδρα τε ὁσημέραι καὶ μόνα ἔργα ἐλευθέρων ᾤετο, ποιεῖν ὅ τί τις τύχοι καὶ βούλοιτο· ἐῴκει δὲ οὔτε τῷ γένει τὴν φύσιν, οὐδ´ ὅλως ἀνθρώπων τινί, καὶ καθάπαξ εἰπεῖν, οὐδ´ αὐτὸς ἦν αὑτῷ παραπλήσιος ἀλλὰ παντοδαπόν τι κακόν

… Son frère aîné, Typhon, n’était, pour tout dire en un mot, qu’une nature grossière. Des maîtres capables avaient été chargés par le roi d’enseigner à son fils Osiris la sagesse de l’Égypte et celle des autres nations; Typhon n’avait que de l’aversion et du dédain pour cette étude, qu’il considérait comme bonne seulement pour des cœurs lâches et serviles. Suivant lui, l’application de son frère, sa docilité, son extrême retenue, n’étaient que de la crainte, parce qu’on ne le voyait pas frapper du poing, donner des coups de pied, courir follement: non pas cependant qu’Osiris ne fût agile et dispos; son corps était comme un vêtement léger que son âme portait aisément. Jamais il n’aurait voulu boire avec excès; jamais il ne se livrait à ces bruyants éclats de rire qui secouent tout le corps. Mais Typhon n’avait point de ces scrupules; il n’y avait d’homme libre, à ses yeux, que celui qui pouvait tout faire et tout se permettre. Il ne ressemblait à personne de sa famille, ni à aucun autre homme; je dirai plus, il ne savait pas rester semblable à lui-même : c’était un assemblage des vices les plus opposés.

Synesius de Cyrène (c. 373 – c. 414), L’Égyptien ou De la providence, II, 5 :

... ὡς, φησίν, οὐκ ἐχρῶντο θαλάσσῃ, χρυσοῖ δὲ ἦσαν ἄνθρωποι, καὶ θεῶν ἐπιμιξίας ἐτύγχανον. πλοίων δὲ εἰσελθόντων ἐνεργοῦς εἰς χρῆσιν βίου, τοσοῦτον ἀπεφοίτησεν ἡ Δίκη τῆς γῆς, ὡς μόλις ὁρᾶσθαι νυκτὸς αἰθρίας. καὶ μέντοι καὶ νῦν ὁρωμένη στάχυν ἡμῖν προτείνει, καὶ οὐ πηδάλιον. τάχα νῦν καταβαίη, καὶ πάλιν ἡμῖν αὐτοπρόσωπος διαλέξεται, σπουδασθείσης μὲν γεωργίας, ναυτιλίας δὲ ἀποσπουδασθείσης. τάδε οὖν πάλαι περὶ αὐτῆς ᾀδόμενα ποιηταῖς οὐχ ἕτερος ἔσχε χρόνος, ἀλλ´ ὁ τῆς ἐπικυδεστέρας βασιλείας Ὀσίριδος. εἰ δὲ οὐκ εὐθὺ κατάγοντες αὐτὸν ἐκ τῆς μεταστάσεως, ἅμα πάντα ἐν χερσὶν ἔθεσαν οἱ θεοί, μηδὲν παρὰ τοῦτο ποιώμεθα. οὐ χωρεῖ πολιτείας φύσις ἀθρόαν μεταβολήν, ὥσπερ ἐπὶ τὸ χεῖρον, οὕτως ἐπὶ τὸ ἄριστον. κακία μὲν γὰρ αὐτοδίδακτον, ἀρετὴ δὲ σὺν πόνῳ κτᾶται. ἔδει δὴ μεσεῦσαι τοὺς προκαθαίροντας, τὸ θεῖον σχολῇ καὶ τάξει βαδίζειν· τὸν δὲ ἔδει, πρὶν ἄσχολον εἶναι, πολλὰ μὲν ἰδεῖν, πολλὰ δὲ ἀκοῦσαι· συχνά τοι βασιλέως ἀκοὴ κλέπτεται.

… Quand la mer n’était pas encore sillonnée par les rames, c’était l’âge d’or, et les hommes jouissaient de la société des dieux; mais du jour où l’art de diriger les vaisseaux vint occuper l’activité des mortels, la Justice s’éloigna de la terre, et c’est à peine si on l’aperçoit même par une nuit sereine; et quand elle se montre à nos yeux, c’est un épi qu’elle nous présente, et non pas un gouvernail. Aujourd’hui encore elle descendrait du ciel et reviendrait habiter parmi nous, si, délaissant la navigation, nous donnions tous nos soins à l’agriculture. S’il est une époque où la Vierge divine répandait tous ces bienfaits célébrés par les poètes, ce fut assurément le règne fortuné d’Osiris. Si les dieux ne ramenèrent pas tout de suite ce prince de l’exil pour lui rendre l’autorité souveraine, n’en soyons pas étonnés: un Etat ne se relève pas aussi rapidement qu’il tombe ; les vices qui le perdent se développent tout spontanément; la vertu qui doit le sauver ne s’acquiert qu’à force de travail. Il fallait passer par diverses épreuves avant d’accomplir l’œuvre de purification; la Divinité ne voulait conduire Osiris au but marqué que lentement et pas à pas : il devait, avant de porter tout le poids des affaires, avoir beaucoup appris par les yeux et par les oreilles; car, dès que l’on est roi, que de choses on est exposé à ignorer.


3. Lecture : CORIPPE : Le pouvoir ne se partage pas :

Corippe, La Johannide, livre IV, vers 88 – 99 :

nescit commissa potestas
aequales sufferre duos
: censortis amicum
90 saecula nulla ferunt. sic nos exempla priorum
ipsa docent. primi sequitur pes mota secundus
crura pedis; ritum capitis sua membre secuntur,
et proprii generis fructum dant arbore rami.
mundus adhuc rudis et paruis uix laetus aristis
95 non potuit portare duos; non maxima rerum.
Roma, nouos proprio quae sanxit sanguine muros.
aemula diuiditur confuse mente uoluntas ;
despiciensque parem discors permansit uterque.
diuiditur geminas inter res publica partes:

L'autorité ne souffre point d'être partagée entre deux hommes investis de droits égaux. Jamais dans l'histoire on ne vit l'union exister entre deux personnages jouissant d'un pouvoir identique. Ce sont là les enseignements mêmes que nous donne le passé. Le pied suit le mouvement du pied; la jambe obéit au pied; la tête communique aux membres qui lui sont attachés son mouvement, et les rameaux portent les fruits que l'arbre comporte. Ni le monde à sa naissance et qui voyait avec joie naître ses humbles moissons, ni Rome, la merveille de l'univers, qui scella de son propre sang ses remparts nouveaux, ne purent supporter la rivalité de deux hommes. Deux volontés rivales se contrarient et se heurtent l'une à l'autre. …


4. ITINERA ELECTRONICA & environnements hypertextes :

Égal à lui-même, Christian RUELL a créé, cette semaine-ci, 5 nouveaux environnements hypertextes :

  • Augustin (saint), Les Soliloques, livre II [Traduction française reprise au site de l'Abbaye de Saint Benoît de Port-Valais]
  • Bernard de Clairvaux (saint), Sermons sur le Cantique des Cantiques, Sermon VI [Traduction française reprise au site de l'Abbaye de Saint Benoît de Port-Valais]
  • Corippe, La Johannide, livre IV [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
  • Guillaume de Tyr, L'Histoire des Croisades, livre XX [Texte latin et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Hildegarde von Bingen, Scivias, livre II, Vision I [Traduction française reprise au site LIVRES-MYSTIQUES.COM]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.


Jean Schumacher
18 novembre 2011


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002