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Date :     15-10-2004

Sujets :
Environnements hypertextes : Cicéron, Ortensio Lando; Corpora : Sénèque, Lettres à Lucilius; Imitatio ciceroniana : LANDO, Cicero relegatus;

Notice :

1. Environnements hypertextes :

Les environnements hypertextes constitués pendant la semaine écoulée par Christian Ruell concernent les oeuvres suivantes:

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles, au format .TXT, dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA :


2. Corpora :

Une nouvelle base de données globale a pu être confectionnée grâce aux soins de Boris Maroutaeff et de Christian Ruell; elle est placée au sein des CORPORA du Projet ITINERA ELECTRONICA.

Elle concerne l'ensemble des Lettres à Lucilius de Sénèque : 21 livres de lettres rassemblées dans 16 volumes. 124 lettres pour un total de 119.896 occurrences et de 23.025 formes différentes.

Base de données globale : Lettres à Lucilius


3. Imitatio ciceroniana :

Ortensio LANDO, Cicero relegatus & reuocatus :

  • Ortensio LANDO, l'auteur :

    Ortensio LANDO est né à Milan vers 1512. Il est entré en religion, chez les Augustins, sous le nom de fra Geremia da Milano et s'est trouvé, entre 1531 et 1533, au couvent de San Giacomo Maggiore de Bologne.

    Après avoir quitté l'habit monacal il a fait des études de Médecine, toujours à Bologne, puis, il a beaucoup voyagé tant à l'intérieur de l'Italie (Namples, Luccques, ...) qu'à l'extérieur (France, Allemagne, Suisse).

    Vers 1531 il a écrit sa première oeuvre, Cicero relegatus & reuocatus, publiée en 1534 simultanément à Lyon, Leipzig et à Venise.

    A partir de 1555 sa trace est perdue. Il a écrit une trentaine d'ouvrages parmi lesquels nous relevons encore un dialogue In Desiderii Erasmi funus et, en italien, un Commentario delle piu notabili e mostruose cose d'Italia e altri luoghi qui raconte le voyage à travers l'Italie entrepris par un habitant de l'île Utopia. Utopia de Thomas More que Lando a été le premier à traduire en Italien.

  • Cicero relegatus & reuocatus, l'oeuvre :

    Ortensio LANDO avait 20 ans lorsqu'il a écrit cette oeuvre en deux parties : l'exil de Cicéron suivi du rappel de Cicéron. Nous sommes dans le cadre de la polémique née à la suite de la publication du Ciceronianus par Érasme (Faut-il imiter Cicéron? qui peut ou a pu imiter Cicéron? quelle est la limite de l'imitation de Cicéron, ...).

    Il semble qu'il n'existe pas (encore) d'édition moderne de cette oeuvre. L'édition de Lyon (1534) a fait l'objet d'une numérisation, sous forme d'images, et est disponible, au format PDF, sur le site GALLICA de la Bibliothèque nationale de France où nous l'avons téléchargée pour la placer dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA.

    Nous avons procédé alors à une saisie et une reconnaissance optique des pages de ce fichier; opérations suivies de la relecture, du redressement des erreurs de lecture et de la transcription du texte en un format moderne (résolution des abréviations, traitement des signes de ponctuation, ...). La transcription nous a permis d'élaborer un environnement hypertexte pour la première partie de l'oeuvre - Cicero relegatus - dont question ci-dessus.

    Les références sont usuelles : 1 = première partie, puis, les numéros résultant de la numérotation des phrases du texte et, enfin, indication des pages de l'édition entre accolades.

    Il n'y a pas encore non plus de traduction française de ce texte.

  • Cicero relegatus & reuocatus, le contenu :

    Dans la première partie, deux jeunes gens reviennnent au pays et apprennent la maladie d'un ami. Ils décident de lui rendre visite; ils le trouvent entouré d'une multitude d'amis et de connaissances qui rivalisent d'adresse et d'ingéniosité pour alléger ses souffrances en racontant des histoires et des fables (p.7 : ... morbum facetis narrationibus aut lepidis fabellis alleuarent).

    Interrogés par le malade sur ce qu'ils rapportent de neuf, ils citent des traités et des discours de Cicéron. Ils s'attendent à ce que cette nouvelle provoque de l'intérêt et de la joie auprès du cercle réuni mais ils doivent déchanter : c'est comme s'ils avaient annoncés un désastre ou même la fin du monde (p. 8 : ... ut uiderer magnam aliquam futuram cladem aut supremmum aliquod exitium nunciauisse).

    Une discussion vive s'engage à ce propos et, pour empêcher qu'on en vienne aux mains, le malade organise un tour de table demandant à ceux qui le veulent de donner leur avis sur Cicéron. Pas moins de 8 intervenants vont énumérer, l'un après l'autre, les griefs qu'ils ont à formuler contre Cicéron. Ces griefs sont présentés et développés soit uniquement à partir de références à des oeuvres de Cicéron, soit sous la forme de réminiscences ou même de citations directes puisées dans le corpus cicéronien.

    Après la dernière intervention, l'assemblée conclut à la culpabilité de Cicéron et, après avoir délibéré sur la peine, décide de l'exiler en Scythie:

    DECRETVM: M- T- CICERONEM OB EIUS PESSIMA FLAGITIA ET ANIMADVERTENDA FACINORA, LIBERALIVMQVE DISCIPLINARVM IMPERITIAM PERPETVO MVLCTAMVS EXILIO; SIMILI POENA ILLOS OMNES, QVI VEL VNVM VERBVM DE EO REVOCANDO FECERINT, AVT ILLIVS SCRIPTA LEGERINT.

  • Cicero relegatus & reuocatus, les griefs :

    Il y a 8 intervenants et un chacun se concentre sur une accusation spécifique sauf BARBATUS qui énonce un chapelet de "crimes" dont se serait rendu coupable Cicéron; il est tellement virulent qu'il est amené, ensuite, à s'excuser et à demander pardon pour son portrait par trop noir de Cicéron.

    Les griefs sont, en règle générale, accompagnés de références et de réminiscences ou de citations tirées des oeuvres de Cicéron à l'exception du grief Cicéron, querelleur (p.29 : ... quem non in certamen prouocauit?) grief, qui est accompagné d'une liste (presque) interminable de personnes, de groupes ou de sectes à qui Cicéron aurait cherche noise; il y en a pas moins de 26 : Épicure et les épicuriens, Gorgias, Socrate, les Chaldéens, les astrologues, Hérodote, les Graccques, les Cyniques, Panetius, Romulus, Antoine, la nation grecque, les Gaulois, Catilina, César, Salluste, Rullus, Tubéron, Pansa, Memmius, Clodius, Pison, Vatinius, Verrès, ...).

    L'Actualité présente ne convient guère à la présentation détaillée des griefs avancés contre Cicéron (le grief formulé par Lando - les attestations, en appui, et leur réalité dans les oeuvres cicéroniennes); nous nous limitons, dès lors, à n'indiquer ici que les intitulés des griefs tout en espérant pouvoir développer ceux-ci au sein d'un article à venir et à placer dans les FEC.

    Liste des griefs formulés à l'encontre de Cicéron :

    • Cicéron avide de gloire :

      p. 11 :

      [1,46] Citabo aliquot Ciceronis loca, unde id colligo, ostendamque neminem unquam fuisse gloriae tam cupidum, tam sitientem honorum, tam ambitiosum, tam cupide populares auras captantem, efficiamque ut suo ipsius testimonio se iugulet suisque se conficiat decretis.

    • Cicéron inconstant et dissolu :

      p. 14 :

      [1,68] Istuc ipsum coepit affirmare Merula seque non legisse dicebat autorem tam inconstantem, tam ieiunum, sic languidum et dissolutum qui sibiipsi tantopere aduersaretur et pugnantia loqueretur.

    • Cicéron, un homme perdu, ennemi de tout :

      p. 21 :

      [1,136] Illi (nisi me fallit memoriae sensus) bipedum omnium nequissimum fuisse existimabant, seditionum omnium et escam, et flabellum : Pacis, legum, iudiciorum, ocii, bonorumque omnium hostem.

    • Cicéron, un homme vaniteux :

      p. 26 :

      Ego illum hominem fuisse elatum, superciliosum et supra mortales omnes iactabundumn existimo ...

    • Cicéron, un homme querelleur :

      p. 29 :

      [1,191] Cui pepercit illa procax lingua? in quem non euomuit suum uirus? quem non in certamen prouocauit?

    • Cicéron, un homme efféminé et mou :

      p. 32 :

      [1,217] Si cuiusque scripta possunt de hominem ingenio testificari, credo illum fuisse hominem effoeminatum, formidolosum, ingratum, et intemperantem quod si quid mihi uel aram tenens iurasset nunquam adduci potuissem ut ei fidem haberem.

    • Cicéron, un homme porté vers l'adulation :

      p. 36 :

      [1,249] Si illic singulari sua adulatione non satisfacit, illam adite quam {37} ad M- Caelium proconsulem ; si ibi non cumulate satisfactum fuerit, illam legite quam ad Caelium Curulem, si neque hic neque illic satis aperte putidas eius adulationes deprehendere poteritis, multae ex iis quas ad Atticum scriptas reliquit contestabuntur fuisse ad adulationes natum neque quicquam ab eo tam uehementer ac diligenter curatum.

    • Cicéron, le père de l'éloquence? Certainement pas. :

      p. 36 :

      [1,252] Ego saepius admirari soleo qui fit ut Cicero tanti fiat passimque pater eloquentiae appelletur.

      ...

      [1,264] Legite quaeso illas suas questiones et paulo accuratius rem attendite : nihil languidius, nihil spinosius in suis argumentationibus nunque non peccat, ut dialectici loquuntur in petitione principii, interdum cauillos quosdam habet, sophista indignos (ne quid grauius dicam), facetias uero quas improbissimus scurra negligeret.

    Lando, rappelons-le, approchait des 20 ans lorsqu'il rédigea ce Cicero relegatus & reuocatus; il y fait étalage d'une grande connaissance des oeuvres de Cicéron : correspondance, traités tant oratoires que philosophiques, plaidoyers, Philippiques, ... tout paraît connu, tout est cité. Un exemple à imiter?


Jean Schumacher
15 octobre 2004


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002