HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de César

Κλεοπάτραν

 


 


Texte grec :

 
[48] Καῖσαρ δὲ τῷ Θετταλῶν ἔθνει τὴν ἐλευθερίαν ἀναθεὶς νικητήριον, ἐδίωκε Πομπήϊον· ἁψάμενος δὲ τῆς Ἀσίας, Κνιδίους τε Θεοπόμπῳ τῷ συναγαγόντι τοὺς μύθους χαριζόμενος ἠλευθέρωσε, καὶ πᾶσι τοῖς τὴν Ἀσίαν κατοικοῦσι τὸ τρίτον τῶν φόρων ἀνῆκεν. εἰς δ´ Ἀλεξάνδρειαν ἐπὶ Πομπηΐῳ τεθνηκότι καταχθείς, Θεόδοτον μὲν ἀπεστράφη, τὴν Πομπηΐου κεφαλὴν προσφέροντα, τὴν δὲ σφραγῖδα δεξάμενος τοῦ ἀνδρὸς κατεδάκρυσεν· ὅσοι δὲ τῶν ἑταίρων αὐτοῦ καὶ συνήθων πλανώμενοι κατὰ τὴν χώραν ἑαλώκεσαν ὑπὸ τοῦ βασιλέως, πάντας εὐεργέτησε καὶ προσηγάγετο. τοῖς δὲ φίλοις εἰς Ῥώμην ἔγραφεν, ὅτι τῆς νίκης ἀπολαύοι τοῦτο μέγιστον καὶ ἥδιστον, τὸ σῴζειν τινὰς ἀεὶ τῶν πεπολεμηκότων πολιτῶν αὐτῷ. Τὸν δ´ αὐτόθι πόλεμον οἱ μὲν οὐκ ἀναγκαῖον, ἀλλ´ ἔρωτι Κλεοπάτρας ἄδοξον αὐτῷ καὶ κινδυνώδη γενέσθαι λέγουσιν, οἱ δὲ τοὺς βασιλικοὺς αἰτιῶνται, καὶ μάλιστα τὸν εὐνοῦχον Ποθεινόν, ὃς πλεῖστον δυνάμενος, καὶ Πομπήϊον μὲν ἀνῃρηκὼς ἔναγχος, ἐκβεβληκὼς δὲ Κλεοπάτραν, κρύφα μὲν ἐπεβούλευε τῷ Καίσαρι—καὶ διὰ τοῦτό φασιν αὐτὸν ἀρξάμενον ἔκτοτε διανυκτερεύειν ἐν τοῖς πότοις ἕνεκα φυλακῆς τοῦ σώματος—, φανερῶς δ´ οὐκ ἦν ἀνεκτός, ἐπίφθονα πολλὰ καὶ πρὸς ὕβριν εἰς τὸν Καίσαρα λέγων καὶ πράττων. τοὺς μὲν γὰρ στρατιώτας τὸν κάκιστον μετρουμένους καὶ παλαιότατον σῖτον ἐκέλευσεν ἀνέχεσθαι καὶ στέργειν ἐσθίοντας τὰ ἀλλότρια, πρὸς δὲ τὰ δεῖπνα σκεύεσιν ἐχρῆτο ξυλίνοις καὶ κεραμεοῖς, ὡς τὰ χρυσᾶ καὶ ἀργυρᾶ πάντα Καίσαρος ἔχοντος εἴς τι χρέος. ὤφειλε γὰρ ὁ τοῦ βασιλεύοντος τότε πατὴρ Καίσαρι χιλίας ἑπτακοσίας πεντήκοντα μυριάδας, ὧν τὰς μὲν ἄλλας ἀνῆκε τοῖς παισὶν αὐτοῦ πρότερον ὁ Καῖσαρ, τὰς δὲ χιλίας ἠξίου τότε λαβὼν διαθρέψαι τὸ στράτευμα. τοῦ δὲ Ποθεινοῦ νῦν μὲν αὐτὸν ἀπιέναι καὶ τῶν μεγάλων ἔχεσθαι πραγμάτων κελεύοντος, ὕστερον δὲ κομιεῖσθαι μετὰ χάριτος, εἰπὼν ὡς Αἰγυπτίων ἐλάχιστα δέοιτο συμβούλων, κρύφα τὴν Κλεοπάτραν ἀπὸ τῆς χώρας μετεπέμπετο.

Traduction française :

 
[48] (1) César, après avoir rendu la liberté à toute la Thessalie, en considération de la victoire qu'il avait remportée, se mit à la poursuite de Pompée. Arrivé en Asie, il accorda la même grâce aux Cnidiens en faveur de Théopompe, auteur d'un recueil de mythologie, et remit à tous les habitants de l'Asie un tiers de leurs impôts. (2) Il n'aborda à Alexandrie qu'après l'assassinat de Pompée ; et quand Théodote lui présenta la tête de ce grand homme, il détourna les yeux avec horreur ; et en recevant son sceau, il ne put retenir ses larmes ; (3) il combla de présents tous les amis de Pompée, qui, s'étant dispersés, après sa mort, dans la campagne, avaient été pris par le roi d'Égypte, et il se les attacha. (4) Il écrivit à ses amis de Rome que le fruit le plus réel et le plus doux qu'il pût retirer de sa victoire était de sauver tous les jours quelques-uns de ceux de ses concitoyens qui avaient porté les armes contre lui. (5) Les historiens varient sur les motifs de la guerre d'Alexandrie : les uns disent que son amour pour Cléopâtre la lui fit entreprendre avec autant de honte pour sa réputation que de danger pour sa personne ; les autres en accusent les ministres du roi, et surtout l'eunuque Pothin, qui, jouissant auprès de Ptolémée du plus grand crédit, après avoir tué Pompée, avait chassé Cléopâtre, et tendait secrètement des embûches à César. (6) Ce fut là, dit-on, ce qui détermina César à passer depuis ce temps-là les nuits dans les festins, pour veiller à sa sûreté. D'ailleurs, en public même, Pothin n'était plus supportable : il ne cessait de dire et de faire tout ce qui pouvait rendre César odieux et méprisable. (7) Il donnait pour les soldats romains le pain le plus vieux et le plus gâté, et leur disait que, vivant aux dépens d'autrui, ils devaient s'en contenter, et prendre patience. Il ne faisait servir à la table même du roi que de la vaisselle de bois et de terre, sous prétexte que César avait reçu, pour gage d'une dette, toute la vaisselle d'or et d'argent. (8) Le père du roi régnant avait en effet contracté envers César une dette de dix-sept millions cinq cent mille sesterces, dont César avait déjà remis aux enfants de ce prince sept millions cinq cent mille sesterces, et demandait les dix millions restants pour l'entretien de ses troupes. (9) Pothin le pressait de partir pour aller terminer les affaires importantes qu'il avait, en l'assurant qu'à son retour il recevrait, avec les bonnes grâces du roi, tout l'argent qui lui était dû. César lui répondit qu'il ne prenait pas conseil des Égyptiens, et il manda secrètement à Cléopâtre de revenir.


Texte grec :

 
[49] Κἀκείνη παραλαβοῦσα τῶν φίλων Ἀπολλόδωρον τὸν Σικελιώτην μόνον, εἰς ἀκάτιον μικρὸν ἐμβᾶσα, τοῖς μὲν βασιλείοις προσέσχεν ἤδη συσκοτάζοντος· ἀπόρου δὲ τοῦ λαθεῖν ὄντος ἄλλως, ἡ μὲν εἰς στρωματόδεσμον ἐνδῦσα προτείνει μακρὰν ἑαυτήν, ὁ δ´ Ἀπολλόδωρος ἱμάντι συνδήσας τὸν στρωματόδεσμον εἰσκομίζει διὰ θυρῶν πρὸς τὸν Καίσαρα. καὶ τούτῳ τε πρώτῳ λέγεται τῷ τεχνήματι τῆς Κλεοπάτρας ἁλῶναι λαμυρᾶς φανείσης, καὶ τῆς ἄλλης ὁμιλίας καὶ χάριτος ἥττων γενόμενος, διαλλάξαι πρὸς τὸν ἀδελφὸν ὡς συμβασιλεύσουσαν. ἔπειτα δ´ ἐπὶ ταῖς διαλλαγαῖς ἑστιωμένων ἁπάντων, οἰκέτης Καίσαρος κουρεύς, διὰ δειλίαν ᾗ πάντας ἀνθρώπους ὑπερέβαλεν οὐδὲν ἐῶν ἀνεξέταστον, ἀλλ´ ὠτακουστῶν καὶ πολυπραγμονῶν, συνῆκεν ἐπιβουλὴν Καίσαρι πραττομένην ὑπ´ Ἀχιλλᾶ τοῦ στρατηγοῦ καὶ Ποθεινοῦ τοῦ εὐνούχου. φωράσας δ´ ὁ Καῖσαρ, φρουρὰν μὲν περιέστησε τῷ ἀνδρῶνι, τὸν δὲ Ποθεινὸν ἀνεῖλεν· ὁ δ´ Ἀχιλλᾶς φυγὼν εἰς τὸ στρατόπεδον περιΐστησιν αὐτῷ βαρὺν καὶ δυσμεταχείριστον πόλεμον, ὀλιγοστῷ τοσαύτην ἀμυνομένῳ πόλιν καὶ δύναμιν. ἐν ᾧ πρῶτον μὲν ἐκινδύνευσεν ὕδατος ἀποκλεισθείς· αἱ γὰρ διώρυχες ἀπῳκοδομήθησαν ὑπὸ τῶν πολεμίων· δεύτερον δὲ περικοπτόμενος τὸν στόλον, ἠναγκάσθη διὰ πυρὸς ἀπώσασθαι τὸν κίνδυνον, ὃ καὶ τὴν μεγάλην βιβλιοθήκην ἐκ τῶν νεωρίων ἐπινεμόμενον διέφθειρε· τρίτον δὲ περὶ τῇ Φάρῳ μάχης συνεστώσης, κατεπήδησε μὲν ἀπὸ τοῦ χώματος εἰς ἀκάτιον καὶ παρεβοήθει τοῖς ἀγωνιζομένοις, ἐπιπλεόντων δὲ πολλαχόθεν αὐτῷ τῶν Αἰγυπτίων, ῥίψας ἑαυτὸν εἰς τὴν θάλασσαν ἀπενήξατο μόλις καὶ χαλεπῶς. ὅτε καὶ λέγεται βιβλίδια κρατῶν πολλὰ μὴ προέσθαι βαλλόμενος καὶ βαπτιζόμενος, ἀλλ´ ἀνέχων ὑπὲρ τῆς θαλάσσης τὰ βιβλίδια, τῇ ἑτέρᾳ χειρὶ νήχεσθαι· τὸ δ´ ἀκάτιον εὐθὺς ἐβυθίσθη. τέλος δὲ τοῦ βασιλέως πρὸς τοὺς πολεμίους ἀποχωρήσαντος, ἐπελθὼν καὶ συνάψας μάχην ἐνίκησε, πολλῶν πεσόντων αὐτοῦ τε τοῦ βασιλέως ἀφανοῦς γενομένου. καταλιπὼν δὲ τὴν Κλεοπάτραν βασιλεύουσαν Αἰγύπτου καὶ μικρὸν ὕστερον ἐξ αὐτοῦ τεκοῦσαν υἱόν, ὃν Ἀλεξανδρεῖς Καισαρίωνα προσηγόρευον, ὥρμησεν ἐπὶ Συρίας.

Traduction française :

 
[49] (1) Elle partit sur-le-champ, et ne prit de tous ses amis que le seul Apollodore de Sicile ; elle se mit dans un petit bateau, et arriva de nuit devant le palais d'Alexandrie. (2) Comme elle ne pouvait y entrer sans être reconnue, elle s'enveloppa dans un paquet de couvertures, qu'Apollodore lia avec une courroie, et qu'il fit entrer chez César par la porte même du palais. (3) Cette ruse de Cléopâtre fut, dit-on, le premier appât auquel César fut pris ; il en conçut une idée favorable de son esprit, et, vaincu ensuite par sa douceur, par les grâces de sa conversation, il la réconcilia avec son frère, à condition qu'elle partagerait le trône. (4) Dans le festin qui suivit cette réconciliation, un des esclaves de César, qui était son barbier, et l'homme le plus timide et le plus soupçonneux, en parcourant tout le palais, en prêtant l'oreille à tout, en examinant tout ce qui se passait, découvrit que Pothin et Achillas, général des troupes du roi, dressaient une embûche à César pour se défaire de lui. (5) César, en ayant eu la preuve, plaça des gardes autour de la salle et fit tuer Pothin. Achillas, s'étant sauvé à l'armée, suscita contre César une guerre difficile et dangereuse, dans laquelle, avec très peu de troupes, il eut à résister à une ville puissante et à une nombreuse armée. (6) Le premier danger auquel il se vit exposé fut la disette d'eau ; les ennemis avaient bouché tous les aqueducs qui pouvaient lui en fournir. Il courut un second péril lorsque les Alexandrins voulurent lui enlever sa flotte, et que pour se sauver il fut obligé de la brûler lui-même : le feu prit de l'arsenal au palais, et consuma la grande bibliothèque que les rois d'Égypte avaient formée. (7) Enfin, dans le combat qui se donna près de l'île de Pharos, il sauta de la digue dans un bateau, pour aller au secours de ses troupes qui étaient pressées par l'ennemi : voyant les Égyptiens accourir de toutes parts pour l'envelopper, il se jette à la mer et se sauve à la nage avec la plus grande difficulté. (8) Ce fut, dit-on, dans cette occasion qu'il nagea en tenant dans sa main des papiers, qu'il n'abandonna jamais malgré la multitude de traits que les ennemis faisaient pleuvoir sur lui, et qui l'obligeaient souvent de plonger ; il soutint toujours ces papiers d'une main au-dessus de l'eau, pendant qu'il nageait de l'autre. Il était à peine à terre que le bateau coula à fond. (9) Le roi ayant enfin joint son armée, César le suivit, lui livra bataille, et après lui avoir tué beaucoup de monde, il remporta une victoire complète. Ptolémée disparut à ce combat, et depuis on n'en entendit plus parler. (10) César donna tout le royaume d'Égypte à Cléopâtre, qui, peu de temps après, accoucha d'un fils que les Alexandrins appelèrent Césarion, et aussitôt César partit pour la Syrie.